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Page:Piedagnel - Jules Janin, 1877.djvu/155

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JULES JANIN.

de bienvenue, lui serraient cordialement la main. — une petite main de prélat, blanche et potelée, dont il était à bon droit un peu fier, et que la goutte elle-même avait respectée. La statue de Fénelon, l’un de ses illustres prédécesseurs[1], et celle de ce grand Bossuet qu’il admirait tant, semblaient s’animer pour lui faire accueil ; les princes d’Orléans souriaient à ce fidèle ami de leur maison ; l’auditoire, sincèrement reconnaissant des plaisirs délicats que lui avait si souvent donnés l’éminent écrivain, ne se lassait pas de l’applaudir, se réjouissant de voir rendre pleine justice à un vrai lettré. Dans l’ombre d’une tribune, — entourée de sa famille, hélas ! aujourd’hui disparue presque en entier, — la compagne des travaux du maître, les yeux mouillés de douces larmes, jouissait elle aussi de ce pur triomphe.

Le nouvel académicien, tout ravi, jetait par instants un rapide regard sur cet habit à palmes vertes, qu’il ne devait porter qu’un jour !

  1. L’auteur de Télémaque fut appelé, en 1693, à prendre possession du septième fauteuil académique, où Jules Janin vint s’asseoir, à son tour, environ deux siècles plus tard.