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Page:Piedagnel - Jules Janin, 1877.djvu/97

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jules janin.

times, que d’émotions délicieuses on éprouve en ouvrant un beau volume du temps jadis, du xviiie siècle, par exemple (le siècle des élégances) ! La reliure pleine, en veau fauve, ou en maroquin à larges dentelles ; les tranches rouges ou dorées, le papier de Hollande, les caractères elzéviriens, les figures de Gravelot, de Moreau, de Bernard Picart le Romain, ou les vignettes d’Eisen, si délicates et si spirituelles, vous ravissent tour à tour. On croit voir l’heureux auteur de cet ouvrage centenaire ; ou, s’il s’agit de la réimpression d’un classique, le patient lettré qui a enrichi l’édition de notes ingénieuses, de commentaires excellents ; on songe à ses recherches, à ses efforts, à sa persévérance ; on se représente sa joie en découvrant soudain un fait inédit, un détail curieux ; puis on s’incline par la pensée devant l’habile graveur qui a prodigué à son œuvre exquise tant de soins intelligents et passionnés. Le premier possesseur du livre vous apparaît, lui aussi, tout glorieux d’être le maître absolu d’un si bel exemplaire, le feuilletant avec respect, avec admiration, le savourant en