qués contre cette thèse sont tirés au point de vue documentaire, d’assertions de témoins impartiaux, sinon indifférents : fonctionnaires, soldats, écrivains et philosophes, qui rapportaient simplement les événements dont ils avaient les informations les plus prochaines, et qui n’avaient d’autre souci que de consigner les faits appartenant à l’histoire de l’empire.
Une autre considération vient encore combattre les données de la tradition. Il est à remarquer que tous détails traditionnels donnés sur quelqu’une des races germaniques, se retrouvent également attribués aux autres, avec quelques légères variations de localités et de détails. Il est inadmissible de croire à des ressemblances fortuites, tant les exemples de pareilles identités sont nombreux. Ainsi Hengest et Hors abordent sur les côtes de Kent avec trois vaisseaux, et Ælli opérant un débarquement dans le Sussex, avec le même nombre de bâtiments, on se souvient encore de la tradition gothique suivant laquelle des immigrants ostrogoths et visigoths remontent jusqu’à l’embouchure de la Vistule, sur trois vaisseaux également… Le meurtre des chefs bretons par Hengest est rapporté, totidem verbis, par Widukind, des anciens Saxons[1]. Geoffroy de Monmouth conte aussi comment Hengest obtint des Bretons le territoire que pourrait couvrir une peau de bœuf : le héros découpa celle-ci en lamelles, ce qui lui permit de s’attribuer un plus large emplacement, sur lequel il éleva le château de Thong[2]. Parmi les Saxons, la tradition est, en réalité, la même, quoique rapportée avec quelques variantes dans les détails : une poignée de terre est départie, sous les mêmes conditions, à