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UNE ANNEE DE SÉJOUR

mission de nous envoyer de nombreux collaborateurs ; car pour un champ si vaste nous ne sommes que cinq ; encore sommes-nous environnés de tant de dangers, que tous les jours en commençant la journée nous avons double raison de douter si nous la terminerons dans ce monde. Ce n’est pas que dans ces climats l’air soit malsain : loin de là, si la mort ne venait ici que par la voie des maladies, la vie pourrait y être longue ; mais l’eau, le fer et le feu, voilà ses armes les plus ordinaires : sur cent hommes qui parcourent les pays où nous sommes, il n’y en a pas dix qui soient exempts de leur atteinte.

Le 30 juin dans l’après-midi, je repris ma place dans l’une des berges de la Compagnie anglaise, et fis mes adieux au très-digne et respectable gouverneur. À ma grande joie, le révérend M. Demers fut aussi du nombre des voyageurs : il entreprenait une excursion apostolique chez les différentes nations de la Nouvelle-Calédonie, qui, d’après les rapports des voyageurs canadiens, brûlaient d’un ardent désir de voir une Robe-noire et d’entendre la parole de Dieu. Le vent étant favorable, les berges déployèrent leurs voiles, les matelots firent jouer leurs rames, et le 11 juillet, nous arrivâmes sans accident au fort Wallawalla. Le lendemain je me séparai à regret du révérend et zélé M. Deniers et de l’aimable M. Ogden. Accompagné seulement de mon interprète, je continuai ma route par terre, parcourant jusqu’au 19