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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/361

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noms propes, les appellants Mauvis, ne fauldrions toutesfois de suyvir telle distinction, & maintenir ceste espece cy pour Mauvis. Mais pource que sçavons pour avoir eslevé les petits de l’un & de l’autre, qu’il y ha difference entre eux, avons bien voulu donner la description du Mauvis. Lon attribuë aussi plusieurs autres noms Françoys à ce Mauvis. Il est nommé en nostre païs du Mans un Touret, de diction correspondente au nom diminutif d’un Tours. Et pour ne nous arrester à telles appellations, voulants plus tost suyvre le vulgaire, dirons que le Mauvis seroit semblable à la petite Grive, n’estoit qu’il est plus mince, & plus jaulnastre sur l’orengé par le dessous, & principalement aux plis des aelles, ayant aussi des taches orengees en chasque costé du col. La couleur de ses plumes du dessus de la teste, & du dos sont tout un : sçavoir est, du tanné sur le gris. Son bec, ses jambes, & pieds retiennent la couleur des Grives. Il est blanc dessous le ventre, comme la Litorne : au contraire des deux Grives, qui l’ont merqueté. Sa queuë, & aelles sont de couleur tannee, ayant les extremitez des plumes du second ordre, un peu tachees de blanc par le bord. Les Mauvis sont coustumiërs de se paistre des raisins, & faire grand degast es vignes, comme aussi font les Estourneaux. Parquoy lon en prend beaucoup en vendanges en diverses maniëres, & principalement avec un instrument qu’ils nomment Bret. On fait cela en maniëre de pipee : car sans Huette, c’est à dire Ulula, l’on n’y fait pas grand chose. Lon en prend aussi aux gluaux, au grand chauld de l’esté, faisant une loge le long d’une mare en une plaine, non trop loing des eaux. On les prend aussi à la volee, comme encor en plusieurs aultres maniëres, que ne mettrons en ce lieu à cause de briefveté.

De la Litorne.
CHAP. XXXIIII.


Maintenant que descrivons les oyseaux en termes Françoys, qu’on oit communement exprimer aux paisans, voulons distinguer les Mauvis, & Grives d’avec la Litorne. Quelques uns la confondent avecques la grand Grive surnommee Calandre, prenants l’une pour l’autre. Parquoy avant que d’en parler plus avant, dirons ce qu’en trouvons. Ceste Litorne est peu moindre que la grosse Grive : mais plus grande que le Mauvis, de la grandeur d’un Merle. Nous avons quelquesfois veu qu’en la vendant on la disoit estre un Merle femelle : de vray elle luy ressembleroit, n’estoit qu’elle ha le dessus de l’estomach jaulnastre, taché de noir, & aussi qu’elle est blanche dessous le ventre. Ses jambes, & pieds sont noirs autrement que la Grive, grande & petite, & le Mauvis qui les ha entre jaulnastres, & blancs. La Litorne est cendree dessus la teste, le col, & dessus le cropion. Le dessus du dos est tanné, ayant aussi la queuë noirastre, comme celle d’un Merle. Les six premieres pennes des aelles sont beaucoup plus noires que les autres d’apres, qui tirent sur le roux, ou tanné. Son bec est beaucou fendu, moins long que celuy du Merle jaulne, pres de la teste, en la maschouëre dembas, & quelque peu noir par le bout. Elle est moins grivelee que la Grive, hors mis aux deux costez de l’estomach, & aux plumes des costez : car le dessous de l’aelle est blanc : &