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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/375

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conforme à ce que nous pouvons dire de la Fauvette : mais il y ha difficulté es mots du texte, quand il dit qu’elle seroit moult semblable au Roytelet, n’estoit qu’elle n’ha point de plumes dorees sur le front. En ce lieu il est manifeste, que ce qu’il ha dit du Roytelet, doit estre entendu de Tyrannus, que nous nommons une Soucie, duquel parlerons par cy apres. C’est pourquoy avons des-ja par cy devant pensé que le Roytelet estoit celuy que nous devions nommer Troglodytes : mais puis apres ayants veu que ceste Fauvette rousse hante les hayes & les murs, & se nourrist des verms, & aussi est l’un des petits des oyseaux, excepté le Poul, qu’Aristote aux livres des animaux appelle Tyrannus, & le Roytelet qu’il nomme Regulus, & l’oyseau qu’il nomme Asilus, avons facilement accordé au penser que Aece & Paul entendent de ceste Fauvette, parlans du Troglodytes, & non pas du Roytelet. Elle fait communement cinq petits, & dont les œufs sont cendrez, tachez de noir. C’est une chose infallible, qu’elle fait son nid dedens quelque herbe, ou buisson par les jardins, comme sur une cyguë, ou autre semblable, ou bien derriere quelque muraille de jardin es villes, ou aux villages. Elle l’enduit par le dedens avec de la soye de cheval si industrieusement, qu’il est persé à clairvoye, comme un sasset, tellement que quand ses petits se nettoyent, toutes les immundices passent au travers. Et par ce point sont tousjours nets. Ceste Fauvette n’ha guere plus grosse charnure que le bout du doigt. Elle n’est que d’une seule couleur de mesme celle de la queuë du Rossignol, & par ce n’ha à faire de plus longue description. C’est un oyseau qu’on ne voit en hyver, non plus que le Rossignol, & la Fauvette brune.

Du Roytelet.
CHAP. V.


LE ROYTELET n’est le plus petit des oyseaux : car celuy que descrirons maintenant est encores plus petit. Et pource que cestuy-cy & veu voler en toutes contrees, se manifestant par sa voix, aussi est il cogneu de toutes gens. Les Grecs l’ont anciennement nommé Trochylos, Presuis, ou Basileus, & les Latins Trochylus, Senator, Regulus. On le nomme aussi Cladorinchus, qui est celuy qu’on dit entrer dedens la gueulle du Crocodyle, pour luy curer les dents. Il est diversement nommé en Françoys : car les uns dient le Roy Bertauld, les autres un Berichot, les autres un Bœuf de Dieu. Il aime à se tenir seulet, & mesmement s’il trouve un autre son semblable, & principalement s’il est masle, ils se combatront l’un l’autre, jusques à ce que l’un demeure vainqueur. Et est asses au vainqueur que le vaincu s’enfuye devant luy. Il est tousjours gay, alegre, & vioge, ayant la queuë troussee, comme un Coq. Aristote au neufiesme livre de la nature des animaux, chapitre unziesme en ha amplement parlé. Il se nourrist ordinairement par les buissons (dit il) hantant les pertuïs, & ne se prend sinon avecques grande difficulté. C’est un oyseau qui n’est jamais melancholique, tousjours prest à chanter : aussi l’oit on soir & matin de bien loing, & principalement en temps d’hyver : lors il n’ha son chant gueres moins haultain, que celuy du Rossignol. Aristote