Aller au contenu

Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/376

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dit au mesme lieu, que pource qu’il est nommé Senateur, & Roy, il ha combat contre l’Aigle. Mais pensons que ce combat procede non pas de force, mais de la dignité royale. Ce n’est donc merveille de voir inimitiez entre gents de dissemblables qualitez, veu que le Roytelet de si petite stature fait nuisance à l’Aigle, qui maistrise touts autres oyseaux. La structure du nid de ce Roytelet, tel qu’il le fait communement, ha la couverture de chaume, qui dedens quelque pertuïs de muraille est composé en forme ovale, couvert dessus, & dessous, n’y laissant qu’un seul moult petit pertuïs, par lequel il y peult entrer : combien que lon en trouve aussi qui habitent es forests, dedens les espoisses hayes & buissons. Ses petits sont moult difficiles à elever pour les nourrir en cage : car combien qu’on les nourrisse jusques à quelque temps, si est-ce qu’ils se meurent à la parfin. Mais si d’aventure lon en peut conserver aucun (qui est chose qu’avons veu advenir) lon ha autant de plaisir de son chant que de nul autre oyseau, d’autant qu’il chante le long de lhyver. Tant le masle que la femelle sont de couleur enfumee, ayant le travers des aelles merquetees de noir & cendré, comme aussi est la queuë. Son bec est longuet, & foible : car n’ayant eu affaire de grand force, pource qu’il ne casse les grains, il vit de verms mollets. Nature le luy ha baillé gresle, ressemblant à celuy de la Bergeronnette. Il ha une petite langue assez longue, qui tient tout le long de son bec. Aussi ha bonnes jambes, & bons piedz : & nourrist communement six petits, & quelque-fois huit.