Aller au contenu

Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Oye qu’on nomme un Cravant. C’est dont toutes deux sont appellees Nonnettes. Ceste Mesange est de la grandeur d’un Pinson : qui est chose correspondante à ce qu’en dit Aristote au troisiesme chapitre du huittiesme livre des animaux, qui la nomme Aegithalos, la decrivant en ceste maniëre. Parorum tria sunt genera : Fringillago, quae major est, quippe quae Fringillam aequet. Ce que les Grecs ont dit Aegithalus, les Latins ont tourné Parus. Donc ceste-cy est la premiëre espece des Mesanges, qui ha un petit bec bien tranchant, rond, & qui n’est gueres long, mais est poinctu, & tirant sur le noir. Ceste coiffure qui luy couvre la teste, est si noire qu’elle en ternist : & luy prend jusques dessus la gorge, & par les costez du col : mais elle ha les temples blanches, comme aussi ha une tache blanche en chasque costé. Les plumes de dessus le dos sont de la couleur de celle d’un Verdier : mais il est jaulne dessous le ventre, comme est une Bergeronnette, ayant les aelles comme celles d’une Lavandiere. Son col est couvert de couleur fort cendree. Les plis de ses aelles sont verds : ayant aussi une ligne sur l’aelle par le travers de couleur palle. Sa queuë est pour la plus part cendree. Les deux dernieres plumes es orees de chasque costé sont blanchastres. Aussi ha bonnes jambes, & bons pieds : & faisant comparaison du grand au petit, sont du tout semblables à celles du Loriot : Car touts deux les ont de couleur plombee, bons ongles, & gros doigts : mais les jambes sont courtes. Ceste espece ne se pend pas tant aux branches, comme les autres. Elle fait grand quantité de petits, le plus souvent douze ou quinze pour une nichee.

De la seconde espece de Mesange à la longue queuë.
CHAP. XXV.


CESTE seconde espece de Mesange ha esté nommee Orinos en Aristote, qu’on ha traduit Monticola, c’est à dire, habitant à la montagne. Estant de petite corpulence ha la queuë bien fort longue, & quand on l’ha prinse, & qu’on la pense bien tenir, elle laisse sa queuë, & ainsi eschappe des mains des oyseleurs : & par cela noz voisins dient, Pert sa queuë, ce que les autres, à la longue queuë. Elle ha toutes les meurs, & maniëre de vivre de la susdite, mais communement ne laisse les bois pour venir vivre par les jardins des villes, & villages en temps d’hyver, comme font les deux autres especes. Elle se pend par les pieds aux rameaux contre les autres, ayant un petit bec court, rond, tranchant, dont elle decoupe les germes des arbres, qu’elle mange au printemps. Ceste espece ha un capichon blanc, au contraire des autres qui l’ont noir : mais est de couleur my-partie de blanc & jaulne, ayant aussi les aelles & la queuë moitie blanche, & moitie noire. Sa maniëre de nicher est comme les autres, & fait aussi grand nombre de petits, faisant son nid moult grand, bien tissu de mousse, & rembourré de plumes. Cela nous fait à sçavoir, qu’il y ha des Francolins es bois des confins de Mets. Elle chante si plaisamment au printemps, qu’il n’y ha gueres autre oyseau, qui ait la voix plus haultaine & aëree : nous l’avons observee en toutes contrees. On les voit l’hyver voler d’arbre en arbre, jectants une petite voix claire, & allants par trouppes s’entr’appellans l’une l’autre. Sa queuë est quasi fourchee, comme à une Hirondelle :