Aller au contenu

Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/409

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

De la grande Hirondelle.
CHAP. XXIII.


QUATRE especes d’Hirondelles, sont vulgaires aux paisans, villageois, & bourgeois de France : dont la plus grande, pource qu’elle vole tousjours, & n’ha les pieds propres à se tenir sur terre, ha esté nommee Apus, & Cypsellos. Car combien qu’elle ait les pieds muniz de bons ongles, toutesfois ne se tient assise dessus comme les autres oyseaux, mais s’appuyant de sa jambe, s’en sert de talon : & aussi entrant en quelque pertuïs, se tire en avant, & alors s’en peult bien servir quelque petit : car mesmement le doigt que les autres ont au talon est arrengé au costé de son pied, en sorte que les deux doigts sont d’un costé, & les deux de l’autre, & la ou ses pieds ne sont suffisants pour la poulser en avant quand elle entre en son pertuïs, elle se sert aussi de son bec. Elle prend sa proyë en volant, comme aussi font les autres Hirondelles. Pour ceste cause nature luy ha donné si grande ouverture de bouche, qu’elle peult avaler un Escherbot tout entier, ou Cerf volant. C’est l’un des oyseaux qui ha aussi bonne veuë, que nul autre : car il peult adviser les mousches en volant de demy quart de lieuë loing : aussi ha-il paupieres tant dessus que dessous, à la maniëre des animaux terrestres, & les yeux ombrez de plumes par dessus. Son bec est petit, noir, poinctu par le bout, ayant deux ouvertures, une de chasque costé, qui sont de la partie du dessus. Et quand on estend ce bec, il s’ouvre en moult grande espace de gueule. Son col est court : sa teste est large par dessus : elle est quasi de la grosseur d’un Estourneau. Son corps est fort bien garny de bonnes plumes : ses jambes sont moult courtes, couvertes