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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/410

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de plumes jusques aux doigts du pied, qui sont sanguins & trappes : desquels empoignant quelque chose de ses doigts, elle l’estrainct si fort qu’elle le perse tout oultre avecques les ongles. On l’oit crier de bien loing en volant : car elle fait une voix claire, & moult esclatante. Sa couleur n’est pas proprement noire, mais comme de poil de Souris, tant dessus que dessous : excepté qu’il y ha une tache blanche dessous sa gorge. Sa queuë apparoist fourchee, & quand elle vole, lors fait apparoistre un arc tendu provenant de ses aelles, qui ont les plumes plus longues que sa queuë. Aristote escrivant de c’est oyseau, disoit qu’il apparoist en toutes saisons de l’annee en son païs : toutesfois ce sont les derniers oyseaux qui viennent à nous, & les premiërs qui s’en retournent. Parquoy il y ha quelque soupçon qu’il entend de cest oyseau : & pour le prouver, prendrons ceste seule merque. Il est semblable aux Hirondelles (dit il au trentiesme chapitre du neufiesme livre des animaux) excepté qu’il ha les jambes peluës. Pline dit au trente-neufiesme chapitre du dixiesme livre de l’histoire naturelle, qu’on ne les voit jamais s’asseoir sur terre, comme les autres oyseaux, qu’ils ne se reposent sinon penduz en l’aer, en dormant en leurs nids. Il y ha une isle en Grece anciennement nommee Zacinthus, & maintenant Zanthe, qui ha un chasteau la hault sur la roche au dessus de la ville : & lá les garçons de leans se mettent aux fenestres, tenants une ligne en leurs mains, tout ainsi que s’ils vouloyent pescher du poisson, ayants une petite plume pour emorce, liee à un hameçon, pendante à une petite cordelle : & prennent grande quantité d’Hirondelles à leur nouvel advenement : Car trouvants icelle plume pendue, la veulent prendre avec le bec pour porter en leur nid : mais ayants trouvé l’hamecon qui les accroche, demeurent penduës à la ligne du pescheur : tellement qu’un