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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/142

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LE JOURNAL

sa fortune à commanditer les directeurs de théâtre qui font jouer sa maîtresse.

C’est charmant !

Mais les histoires de ces gens-là ne me touchent guère, et je serais insensée de m’apitoyer sur leur sort : ils en riraient eux-mêmes. Non, ils ne sont pas malheureux. Des intrigues, des scandales, il leur en faut, c’est leur vie : s’ils n’en avaient pas, ils mourraient sur-le-champ de dépit et d’ennui.

Ce qui m’a causé un profond chagrin, c’est la nouvelle d’un autre scandale, celui-là à la veille d’éclater, dans un ménage qui m’intéresse et pour lequel j’ai une sincère affection. Il paraît que cette pauvre Jacqueline est plus folle que jamais et commet toute espèce de sottises. On ne m’a donné aucun détail, d’ailleurs je n’en ai pas demandé : il me serait pénible de les apprendre. On m’a seulement jeté quelques sous-entendus tellement affreux, tellement épouvantables, que je me refuse à les admettre tels quels et n’en veux retenir que la moitié.

Toujours est-il que Roger de Clarance doit être bien malheureux : un si honnête et si gentil garçon.

Eh bien ! en y réfléchissant, il n’y a dans