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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/157

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D’UNE FEMME DU MONDE.

de la saine raison : la confusion et la honte que j’avais ressenties m’avaient suffisamment prouvé que ma conscience ne se prêterait jamais aux fantaisies dangereuses de cette folle imagination.

Nous fûmes obligés de nous garer sur les bas côtés du chemin qui, à cet endroit, est très resserré, pour laisser passer une automobile. Nous reconnûmes Jacqueline, la comtesse Branishka, Mme de Charley et le petit Burigan.

Ils crièrent tous ensemble :

— Ohé ! Bonjour, les retardaires ! Prenez garde, vous allez trop vite !

Jacqueline jeta :

— Tiens ! Mon mari qui fait la cour à Raymonde !

Ils disparurent dans un tourbillon de poussière.

— Folles ! murmura Roger.

Il me tardait maintenant de voir se terminer cette promenade, qui s’était annoncée pour moi si agréable. J’avais peur, ainsi seule dans la campagne, à côté de Roger : depuis ce qu’il m’avait dit, je n’avais plus en lui la même confiance. Je n’osais lever les yeux, dans la crainte qu’ils ne rencontrassent les siens et je redoutai par dessus tout qu’il ne s’aper-