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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/160

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LE JOURNAL

Je le voyais marcher vers l’abîme ; je prétendais le retenir, et je ne m’apercevais pas que, sur la pente fatale, je l’avais précédé.

Insensée !

Mais non, non, ce n’est pas possible ! Ce sont des illusions. Mon imagination m’abuse ! Je me suis trompée, j’en suis sûre, je le veux !… Non, le sentiment que j’éprouve pour Roger de Clarance n’a pas changé : il a grandi, voilà tout, et son développement rapide, sa grandeur et sa perfection me font peur, mais c’est le même, toujours le même : c’est bien de l’amitié, rien que de l’amitié !

Deauville, 15 août.

Hélas ! il ne m’est plus permis de douter maintenant. Un événement vient de confirmer mes soupçons et de mettre en lumière la triste vérité.

Cet après-midi, pendant que je disposais des fleurs dans les vases du salon, Roger de Clarance s’est présenté. Il s’est assis dans un fauteuil près de la fenêtre, ainsi qu’il en a l’habitude. À ses manières et à ses paroles, je ne tardai pas à reconnaître qu’il était embar-