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D’UNE FEMME DU MONDE.

épouses. J’ose à peine dire qu’il me réjouit, et cependant c’est la vérité. Après tout, ce n’est pas ma faute et cela paraîtrait tout naturel à qui connaîtrait ma situation.

M. Grandidier me trompe.

Je viens de l’apprendre à l’instant, avant d’aller dîner.

Depuis quelques jours j’avais des soupçons. M. Grandidier n’était plus auprès de moi si empressé. Loin de m’en affliger, j’en remerciais le bon Dieu. Il rentrait tard pour dîner et s’il nous arrivait de n’avoir rien à faire le soir, il prétextait un baccara et, tout joyeux, disparaissait.

Je dois avouer que je ne faisais rien pour le retenir, ni pour savoir où il allait.

Quand on aime, on est jaloux ; quand on est jaloux, on est curieux ; quand on est curieux, on cherche, et quand on cherche on trouve. Ne pouvant m’appliquer le premier terme de cette déduction, je n’ai été ni jalouse, ni curieuse, je n’ai ni cherché, ni trouvé.

Mais les amies ne sont-elles pas là pour vous ouvrir les yeux sur les choses désagréables qui pourraient vous échapper.

Jacqueline de Clarance est tombée tout à