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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/176

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LE JOURNAL

l’heure chez moi comme une bombe. Ce sont toujours les personnes qui auraient pour se taire les meilleures raisons, ce sont celles-là dont la langue est la plus habile et la plus prompte à dénigrer le prochain.

— Eh bien !… tu ne sais pas, m’a-t-elle dit, ton mari en fait de belles !

— Quoi donc ?

— Ma pauvre chatte, cela m’ennuie de te faire de la peine, mais j’estime que c’est « mon devoir… » Et puis, après tout, les hommes, pour ce que ça vaut ! Enfin, voilà. Mon frère est rentré hier soir en claquant les portes. Pendant tout le dîner et toute la soirée, il a été d’une humeur de dogue. Tu comprends, ma chérie, j’ai voulu savoir et comme nous sommes très bien ensemble — je lui prête de l’argent — il m’a tout dit !…

— Quoi ?

— Oh ! ça serait trop drôle si ça n’était pas aussi triste, ma pauvre mignonne. Figure-toi qu’on lui a chipé sa maîtresse, la fameuse Castel-Sarrasin — qui, entre parenthèse, est un débri, ma chère, je la connais maintenant.

— Il s’était donné la peine de l’amener jusqu’ici ! Et le mieux, c’est que, la veille, elle lui avait tiré cinq cents louis, lui jurant sur la