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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/186

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LE JOURNAL

en automobile. Les chevaux avaient été envoyés la veille.

Chose curieuse : depuis que mon mari me trompe, j’ai pour lui moins d’antipathie. Il m’est indifférent, comme un étranger quelconque.

J’élais ce matin, par extraordinaire, de bonne humeur et j’ai été très aimable avec M. Grandidier. À un moment j’ai même eu peur d’avoir été trop aimable : Mlle de Castel-Sarrasin qui, sans le savoir, est devenue ma meilleure amie, m’en voudrait trop ! Aussi ai-je mis un frein à ce qui aurait pu passer pour des avances de ma part.

Pendant un arrêt que nous avons fait, ou plus exactement pendant une panne que nous avons subie, M. Grandidier m’a remis un écrin. Il renfermait une bague : un rubis entouré de diamants. Cela m’a fait penser à mon aimable rivale, qui a dû recevoir, hier, un bien joli cadeau. Je connais en effet les usages des hommes du monde, lesquels, quand ils offrent un collier de vingt cinq mille francs à leur maîtresse, s’estiment quittes envers leur femme en lui achetant une bricole de cent louis.

C’est égal, je ne puis m’empêcher de trouver qu’il y a des moments où la vie est drôle !