Aller au contenu

Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
D'UNE FEMME DU MONDE.

Nous sommes arrivés au rendez-vous un peu en retard, à cause de la fâcheuse panne.

Il y avait beaucoup de monde, les Thuringe, les Radigal, le prince de Schlewig, les de Gourof, le duc et la duchesse de Crey — en attendant le divorce — la marquise avec le petit Burigan, auquel elle se cramponne désespérément — si elle savait ! — la Branishka, ce qui me fit penser que Jacqueline ne devait pas être loin.

Le temps était merveilleux. Une belle journée pâle de mois de novembre. La chasse a été très bien menée, sauf vers la fin qui a un peu traîné.

Au détour d’une allée, je suis tombée sur Clarance ; il y avait deux mois que nous ne nous étions pas rencontrés, et depuis notre séparation nous ne nous étions jamais adressé la parole. En me trouvant brusquement, inopinément, face à face avec lui, j’éprouvai comme une angoisse mêlée de joie. Allait-il me parler ? Qu’allait-il me dire ?

Il arrêta son cheval :

— Vous allez bien ?

— Pas mal et vous ?

— Très jolie, cette chasse.

— Oui, mais ça languit furieusement.