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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/198

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LE JOURNAL

résolution. Ainsi sa prédiction se réalisait. Il m’avait traitée comme une enfant qui ne sait à quoi elle s’engage : il m’avait par avance, me prenant en pitié, facilité le retour. Ce n’en était pas moins un retour, un retour sur les engagements pris envers moi-même.

C’est ce que je compris en le voyant devant moi et, honteuse de ma faiblesse, j’éclatai en larmes.

Il devina sans doute. Il ne me parla pas de notre rupture. Tout ce qui aurait pu froisser ma susceptibilité de femme, il eut la délicatesse et la diplomatie de ne point me le rappeler. Il passa sous silence ma conduite à son égard, mes déclarations, mes engagements : il m’entretint seulement des heures de félicité vécues ensemble, de sorte qu’il me sembla bientôt que je le revoyais après une longue absence, sans que rien cependant fût survenu dans notre liaison.

Attentive, comme enveloppée d’un charme mystérieux, je l’écoutai. Et ses paroles bienfaisantes et douces tombaient une à une, sur mon cœur blessé, rafraîchissantes comme des gouttes de rosée, salutaires comme un baume, tandis que dans mon esprit s’éveillait une foule de souvenirs délicieux.