Aller au contenu

Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
D'UNE FEMME DU MONDE.

de ne pas l’accepter, ils vous la veulent imposer. Il faut que vous achetiez tout ce qu’ils ont ; pour un peu, ils vous vendraient leur peau, et si vous ne laissez pas en sortant de chez eux ce qu’ils avaient escompté, ce que leur promettaient les apparences, votre mise et votre physionomie, ils vous insultent.

À trois heures, j’avais rendez-vous avec Roger, devant le Campanile. Nous avons visité l’Académie des Beaux-Arts, qui renferme les chefs-d’œuvre de Bonifacio, du Tintoret, de Paul Véronèse et du Titien.

Roger m’a donné quelques notions élémentaires sur les différentes écoles de peinture, et m’a brièvement indiqué les qualités et les défauts propres à chacune d’elles. Il est vraiment regrettable que dans l’éducation, même raffinée, d’une jeune fille du monde, on néglige certain côté artistique qui éléverait l’âme en même temps qu’il formerait et développerait le goût.

Les grands maîtres vénitiens ont excité l’admiration de Roger. Il m’a bienveillamment épelé, avec la patience et l’indulgence d’un maître pour l’enfant qui apprend à lire, les beautés que j’avais sous les yeux. Quelques instants je restai surprise, troublée,