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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/208

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LE JOURNAL.

Nous sommes allés ensuite à la Piazetta, puis au Campanile, enfin au Palais des Doges, qui nous a retenus fort longtemps : c’est une merveille.

Roger m’a reconduite à l’hôtel à l’heure du déjeuner.

En rentrant, j’ai trouvé sur ma table une invitation au bal masqué que donne la comtesse Branishka après-demain soir. Ce sera très beau, dit-on. Je n’en doute pas, d’ailleurs, car elle fait très bien les choses.

Venise, 14 mars.

Cet après-midi, je suis sortie faire quelques petits achats dans les magasins de la place Saint-Marc. Je suis entrée fort imprudemment dans une boutique, d’où j’ai craint ne pouvoir jamais sortir. Quels drôles de gens, ces marchands italiens !… Ils vous flattent, vous supplient, vous ordonnent, se lamentent, pleurent, rient, comme le feraient des comédiens qui débiteraient un rôle appris par cœur : ils font de grands gestes, parlent sans cesse, pour vous retenir ; ils étalent, proposent, vantent leur marchandise ; faites-vous mine