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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/212

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LE JOURNAL.

impressions : il me sera si doux de les relire plus tard.

0 Roger ! mon Roger ! comme je vous aime ! Se peut-il qu’un cœur aussi petit que le mien soit capable d’un sentiment aussi grand que celui dont vous êtes l’objet.

Je vous adore !

 

Au Campanile, une heure venait de sonner.

Dans le ciel, les étoiles scintillaient, innombrables, et les rayons argentés de la lune enveloppaient de clartés blanches les façades des palais et les escaliers de marbre.

La fête battait son plein.

Il faisait, dans les riches appartements du palais de la comtesse Branishka, une chaleur accablante. J’étais appuyée à la balustrade d’un balcon, à côté de Roger de Clarance. Devant nous, la nuit s’étendait, immense, calme et sereine ; à nos pieds se reflétaient, miroitaient dans l’onde frissonnante, les girandoles de lanternes vénitiennes qui couraient d’une fenètre à l’autre, dessinant des festons de lumière.

Alors, tout à coup, une idée me passa par la tête, folle, extravagante :

— Si nous sortions ! dis-je à Roger.