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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/222

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LE JOURNAL.

— Roger !… Roger ! Voyez !

— Quoi ?

— Mais regardez donc ! Ce n’est pas la lune qui nous éclaire ! Il fait jour maintenant.

— C’est pardieu vrai, l’aurore blanchit l’horizon. Le soleil ne va pas tarder à paraître. Comme la nuit a passé vite, Raymonde !

— Mon Dieu, si l’on s’était aperçu de notre absence !

— Qu’importe ! N’avons-nous pas été heureux |

— Il faut rentrer.

Roger se tourna vers le gondolier : le petit s’était assoupi à l’arrière de la barque. Sa frêle tête, encadrée de boucles blondes, reposait sur son coude : il souriait, sans doute à quelque beau rêve.

— Quel dommage de troubler cet enfant !

Roger lui toucha l’épaule de la main.

— Signor ! cria le gamin, se réveillant en sursaut.

— Allons, vite ! Au palais de la comtesse Braniska.

Le petit sourit malicieusement : — Le signor et la signora se sont aimés ! Lui aussi, il nous avait pris pour des amoureux vulgaires, tels que les lui représentait