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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/230

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LE JOURNAL.

Paris, 26 mars.

Tout ce que j’ai souffert n’est rien quand. je le compare à ce qui n’était réservé !

Si je ne possédais pas celui que j’appelle de tous mes vœux, du moins celui que je hais avait-il, jusqu’à ce jour, respecté une tristesse dont il devine peut-être la cause. Il me laissait en repos et je lui en savais gré ; il avait sa liberté, il n’attentait en aucune façon à la mienne et nous vivions, lun à côté de l’autre, sans rien de commun entre nous.

Cette paix dont je jouissais et dont je comprends toute la valeur aujourd’hui que je l’ai perdue, c’était encore, paraît-il, trop de félicité pour moi.

Ma main tremble d’indignation et d’effroi en écrivant ces lignes.

Voici, dans toute son horreur, ce qui s’est passé.

Nous achevions de déjeuner, mon mari et moi. Il s’approcha de moi et m’embrassa.

Je souris,

— Je vous remercie, lui dis-je, de cette marque d’affection : j’y suis très sensible,