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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/232

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LE JOURNAL.

grands mots que vous ne comprendrez jamais, parce qu’ils n’ont pas été faits pour vous. Ayez le courage de traduire plus simplement, plus exactement votre pensée, votre désir.

Il ne répondit rien.

— Vous devriez savoir que tout est fini entre nous, que vous avez vous-même, de par votre propre volonté et sans doute parce que vous ne me trouviez pas à la hauteur de la situation, rompu tout rapport entre nous, ce dont je ne me suis jamais plainte d’ailleurs : vous avez dû le remarquer.

Ses lèvres eurent un sourire béat, stupide :

il me fit horreur.

— Vous me dégoûtez ! m’écriai-je à bout. Et le regardant, bien en face, en ricanant, j’ajoutai :

— C’est peut-être d’ailleurs ce qui vous excite !

— Vous êtes dure, Raymonde !

Indignée, révoltée, je poursuivis :

— Suis-je une fille, Monsieur, que l’on prend quand cela vous dit et qu’on laisse ensuite. Il ne manque pas à Paris — vous le savez mieux que moi — de femmes…

— Aussi adorables que vous ? Vous faites erreur.