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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/233

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D’UNE FEMME DU MONDE.

— La comparaison est flatteuse pour moi ! Mon cher, vous manquez de tact.

— Vous me l’avez déjà dit à maintes reprises et d’ailleurs, ce n’est pas de délicatesse qu’il s’agit en ce moment, mais d’une amende honorable que je vous veux faire.

— Vous dites ?

— Je ne demande qu’un rapprochement entre nous : je suis le premier à reconnaitre que ma conduite est impardonnable !

— Je vous la pardonne !

— Et qu’il est temps de mettre fin…

— Dieu vous en garde ! Non, mais vraiment vous me prenez donc pour une imbécile ! Croyez-vous donc que je ne voie pas clair dans votre jeu ? Si vous vous confessez humblement, si vous reconnaissez vos torts, si vous me proposez la réconciliation, c’est qu’en ce moment, après un bon déjeuner, un désir insensé, immonde, vous monte au cerveau, vous allume les sens : cette femme, que vous avez devant vous, que pendant des mois vous avez délaissée pour d’autres, elle est jeune, elle est fraîche, elle a pour vous l’attrait du renouveau, de l’à peine goûté ! Il vous la faut ! Vos yeux vous trahissent, mon cher !…