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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/240

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LE JOURNAL.

Paris, 4 avril.

Cette scène, où dans toute sa brutalité s’est révélée la nature de M. Grandidier, a brisé le lien, si fragile, qui pouvait encore exister entre nous, celui de l’habitude et de la bienséance.

Nous ne nous voyons plus que très rarement ; les tête-à-tête étant, pour l’un comme pour l’autre, insupportables, nous les évitons soigneusement.

Je déjeune le plus souvent possible chez des amis ; lui, de son côté, prend ses repas au cercle ou autre part. Il me hait, je le fuis ; il me fait horreur et je lui fais peur.

Nous avons jeté bas le masque et en sommes arrivés à ce moment où l’on se moque du qu’en dira-t-on. C’est pourquoi, sans souci des usages, nous n’avons cure de dissimuler la situation, de feindre cette bonne entente, simplement correcte, toute de convention, hypocrite et trompeuse, dont les ménages les plus désunis se croient tenus de faire parade aux yeux du monde.

Nos rapports, que nous nous évertuons à