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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/241

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D’UNE FEMME DU MONDE.

réduire le plus possible, sont ceux indispensables.

De ceux-là, il en est un que j’ai tenté, mais en vain, de faire disparaître, tant il m’est odieux. M. Grandidier a l’habitude de me remettre chaque mois une certaine somme, destinée à mon entretien personnel. Je ne puis dire l’impression que je ressentis le premier jour où, après la scène, il me remit cet argent. J’aurais voulu le lui jeter à la figure, lui crier : « Je n’en veux pas de votre argent ! Je n’en veux pas ! Gardez-le ! Vous allez dire encore que vous m’avez payée !… » C’eût été ridicule. Il déposa l’argent sur une table et sortit, sans m’adresser la parole. Mais j’avais éprouvé trop de honte pour accepter que tous les mois pareil fait se renouvelât. Or, je me souvins que j’avais reçu cent mille francs de dot, dot fictive, puisque en réalité cette somme aurait dû être engloutie dans le gouffre que combla la « générosité » de M. Grandidier. J’allai chez mon notaire, qui est un ami de la famille, lui exposai franchement la situation et lui exprimai mon désir de voir passer entre ses mains ma fortune personnelle : il m’en servirait les rentes et, de cette manière, je n’aurais plus