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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/242

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LE JOURNAL.

rien à demander à M. Grandidier et je n’aurais plus rien à en recevoir. Hélas ! il me fit comprendre que c’était impossible, M. Grandidier possède l’argent, nul autre que lui n’en saurait disposer.

— Alors, m’écriai-je, outrée, je ne compte pas, moi ! C’est lui qui peut tout !

— Le mari, dit l’homme de loi, a seul le droit d’administrer les biens de la communauté.

— Et la femme ne peut rien ?

Il hocha la tête et répondit :

— Rien.

Comme une folle je suis partie.

Malgré tout mon désir de laisser en paix mes chers parents, il m’a été impossible de leur dissimuler longtemps la triste vérité. Ma pauvre maman s’est tout de suite aperçue de la rupture entre M. Grandidier et moi. Elle m’en a demandé la raison que je lui ai donnée.

La révélation de tout ce qui s’est passé, ça été pour tous les deux, mon père et ma mère, comme un coup de massue. Eussé-je un instant douté de leur affection pour moi que le désespoir tragique, auquel je les vis en proie, aurait suffi à m’éclairer.