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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/26

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LE JOURNAL

— Tu parles comme un ange !… Et puis, comme c’est tourné, ça !… Je t’embrasse et je t’emmène à Paris !

— Non, Jacqueline, je te remercie. Mes parents…

— La famille, c’est vrai, j’oubliais. Et cependant, quand je t’aurai tout dit, tu ne me refuseras plus. Écoute, mais garde un profond silence sur tout ce que je vais te dire. Allons bon ! voilà que je fais un drame pour l’Ambigu !… Ma petite Raymonde, je vais me marier. Tu ris ? C’est sérieux, tout ce qu’il y a de plus sérieux. Seulement, tu comprends, les mariages ; c’est comme le bœuf à la mode !

— ?…

— Faut que ça mijote ! Alors, on n’en parle pas encore. Ce qui n’empêche pas que c’est une affaire entendue, tellement entendue que je pars dans trois jours à Paris pour commander mon trousseau. Et voilà pourquoi tu ne peux pas ne pas m’accompagner : ton goût est exquis, tu me le prêteras, le mien est détestable. Oh ! et puis, on ne fera pas que du trousseau : on s’amusera un peu. À cette époque, Paris est charmant et la campagne est mortelle.