Aller au contenu

Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
D'UNE FEMME DU MONDE.

monde chérie, comme je suis heureuse de te revoir ! s’exclama-t-elle. Tu dois être joliment contente d’avoir lâché ton couvent !… Es-tu pour quelque temps à Clovers ? Nous, nous partons bientôt pour Paris, nous y resterons une quinzaine. Viens-tu avec nous ?

— Tu es bien aimable, ma chère Jacqueline, mais donne-moi le temps de respirer le bon air de Clovers. Je suis si contente d’être à la campagne !

— Quel type tu fais !… Genre Watteau, quoi ! Des bergers, des bergères, quelques moutons et beaucoup d’herbe !… Seulement, ma pauvre chérie, tu oublies que les Watteau n’ont jamais existé que dans les salons !… Et puis, c’est vieux ! Si tu en es encore là, Raymonde, nous risquons de ne jamais nous rencontrer, ou les rencontres seront brèves, parce que, moi, tes paysages, tu sais, je ne les traverse qu’en automobile !… Et dame ! quand on fait du soixante, on ne distingue pas toujours très bien les gens qu’on croise !

— J’espère cependant, Jacqueline, que si l’automobile te laisse quelques minutes de loisir, tu les voudras bien consacrer à celle qui fut ta camarade d’enfance et qui désire être ta meilleure amie.