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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/263

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D'UNE FEMME DU MONDE.

— Vous êtes grotesque, entendez-vous, grotesque ! Je vous considère si peu que votre plus infâme soupçon ne saurait m’outrager !… Non, rassurez-vous, il est le vôtre, cet enfant, il est le vôtre, pour mon malheur et pour le sien ! Mais je travaillerai de toutes mes forces, soyez-en bien persuadé, je travaillerai de toute mon âme à le rendre mien le plus possible !

— Vous en parlez fort à votre aise ; vous oubliez, Madame, que j’ai des droits.

— Enfin ! Vous avez repris le seul ton de conversation qui vous convienne : celui d’un mercanti qui traite tout, y compris les questions de sentiments, le mariage et la paternité, comme de simples marchés, où l’on a des droits qu’on achète et qu’on fait respecter ensuite, coûte que coûte, sans même s’occuper de la plus élémentaire des délicatesses, qui n’a pas cours chez vous !… Il est dit que, jusqu’au bout, vous serez ignoble !

— Prenez garde !

— Des menaces, maintenant ! Il ne manquait plus que cela ! Faites attention cependant, car cet enfant, le vôtre, je pourrais…

— Raymonde !

— Un geste !… Il suffirait d’un geste, et du