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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/262

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LE JOURNAL.

— Monsieur, lui dis-je, dans quel but vous donnez-vous tant de mal à discourir ; vous en avez un, c’est certain. Si c’est celui que je soupçonne, mieux vaut cent fois vous taire. Si c’en est un autre, je vous serais reconnaissante de me l’apprendre.

— Vous êtes cruelle, Raymonde.

— Oh ! je vous en prie ! Ne marivaudez pas. C’est un genre d’ailleurs qui ne vous sied pas du tout, que vous salissez ou rendez ridicule, rien qu’en y touchant. La vérité, la voici : vous avez cru que l’enfant que je porte serait une cause de rapprochement entre nous, qu’il effacerait le passé et vous rendrait l’avenir plus favorable. Vous vous êtes trompé : il n’a fait qu’accentuer la scission, que rendre plus définitive la rupture, si c’est possible.

— Je ne comprends pas.

— C’est triste.

— De grâce, Raymonde, veuillez vous expliquer |

Il se mordit les lèvres :

— Est-ce que par hasard cet enfant…

— Que voulez-vous dire ?

— Serait.. d’un autre ?

J’éclatai de rire :