Aller au contenu

Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
273
D'UNE FEMME DU MONDE.

faire bien de la peine, Raymonde, j’avais oublié à quel point je vous aime, et que s’il est difficile de prendre des résolutions à l’encontre de l’amour, il est impossible de les tenir.

« Aujourd’hui, après avoir souffert pendant deux jours qui m’ont paru sans fin, après vous avoir, en ces quelques heures, écrit plus de vingt lettres pour les déchirer toutes, j’ai compris ma folie et je m’abandonne à la passion que j’ai pour vous, étant incapable d’y pouvoir résister.

« Que ce soit lâche de ma part, que ce soit bien ou mal, je ne suis même pas en état de le juger. Vous me le direz, Raymonde, et je vous croirai, puisque vous ètes ma seule joie et ma seule vérité.

« Tout ce que je sais, c’est que loin de vous la vie est insupportable, que tout mon bonheur est de vous voir, de vous entendre, de vous aimer enfin et de pouvoir vous le dire !

« Depuis hier, je suis à Lausanne avec Jacqueline. Je suis obligé d’y rester jusqu’à la fin du mois. À cette époque, j’irai habiter chez mes beaux-parents, près de Clovers, et j’y resterai tout le temps que votre amitié pour moi me le permettra. »