Aller au contenu

Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
LE JOURNAL.

s’échappèrent de ma bouche, sans qu’il me fût possible de les retenir :

— Vous êtes… libre !

Je regardai ses yeux, qu’il releva sur moi ; j’y cherchaï avidement l’effet que lui avait produit cette exclamation insinuante. Je n’y lus que l’étonnement,

— Libre ? murmura-t-il. Pourquoi libre ?

Ce fut comme un choc violent que je reçus au cœur. Ainsi donc, il n’y avait pas pensé, lui !

Haletante, angoissée, pressée d’en finir, je repris :

— Je veux dire… que vous pourrez désormais disposer de votre avenir… comme bon vous semblera.

Il me regarda sombrement.

— C’est juste, dit-il. Je devine où vous voulez en venir.

— Roger ! m’écriais-je, comme vous avez dit cela !

— Je l’ai dit… comme une chose que lon a longtemps, vivement, ardemment souhaitée… et qui n’est plus possible.

— Plus possible ?

— Je l’ai dit tristement… avec regret, avec beaucoup de peine !

— Plus possible ? répétais-je, affolée. Vous