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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/303

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D'UNE FEMME DU MONDE

s’attacher au souvenir d’un être, qui ne méritait pas ses larmes, oublier un instant sa maîtresse, pour ne penser qu’à cette femme qui, elle, ne l’avait jamais aimé.

Cependant il se taisait toujours.

J’étais étendue sur une chaise-longue. Il était assis devant moi, les yeux baissés. Je l’observais attentivement, cherchant à savoir sa pensée.

Alors l’idée me vint, consolatrice, que seule le retenait la honte d’ébaucher un mariage au lendemain de la mort de Jacqueline. Pudeur bien naturelle, que j’avais moi-même éprouvée, mais que mon amour avait vite étouffée. Aussi, et malgré toutes mes résolutions, ce fut moi qui pris les devants.

— Maintenant, lui dis-je, votre vie va bien changer.

— Hélas !

Je m’arrètai, indécise. Ce devait être mal, très mal, ce que je faisais là. La mort de Jacqueline avait visiblement affecté Roger ; de nouveau, un instant, je compris qu’il eût été plus convenable de le laisser tout entier à sa douleur, mais je ne pus résister au désir de l’entendre par un mot confirmer mes espérances et mon bonheur, et ces paroles