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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/4

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LE JOURNAL

chose étrange, mon cœur est triste et comme oppressé !

À quoi cela tient-il ?

C’est sans doute parce qu’une vie nouvelle, toute nouvelle, va commencer pour moi, et comme j’ignore ce qu’elle sera et qu’on me l’a toujours peinte pleine de dangers, j’ai peur, je tremble.

Toutefois, ce malaise indicible est adouci par la pensée que désormais je vivrai près de mes parents que j’adore. Eux aussi sont bien contents de me retrouver : à l’affection que j’ai pour eux, peut seule être comparée celle qu’ils ont pour moi. Aussi me suis-je souvent étonnée qu’ils eussent consenti à se séparer de moi et à m’enfermer dans un couvent. Est-ce le désir de me donner une éducation soignée qui les a fait agir ainsi ? Non : les de Rieux ont gardé près d’eux leur fille Jacqueline, qui fut ma compagne d’enfance, et l’ont confiée à des gouvernantes et à des institutrices particulières.

Ce n’est pas que le couvent ait été bien triste pour moi. Oh ! non : d’une nature peu exigeante, je m’accoutumai vite à ce nouveau genre de vie. Au reste, les bonnes sœurs m’ont toujours beaucoup aimée. Je faisais avec


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