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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/5

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D'UNE FEMME DU MONDE.

mes parents, pendant les vacances, un petit voyage et, dans le courant de l’année, ma mère me venait, une fois par mois, rendre visite au parloir. Mais comme j’expiais chèrement ces quelques instants de félicité ! Elle pleurait toujours, ma pauvre maman, quand sonnait l’heure de la séparation, et je lui disais alors, en la câlinant :

— Ma petite mère chérie, puisque cela vous fait de la peine de me laisser ici, et puisque cela m’en fait encore plus de ne pas vous suivre, pourquoi donc ne m’emmenez-vous pas ? Je travaillerais aussi bien à la maison et même certainement mieux, puisque cela serait sous la direction de la plus aimable maîtresse qu’une petite fille puisse désirer.

Hélas Ces paroles n’avaient d’autre effet que de redoubler les pleurs de ma chère maman, qui me répondait toujours en me couvrant de baisers :

— Ma pauvre mignonne, si c’était possible, il y a longtemps que cela serait déjà fait !… Mais tu apprendras, trop tôt malheureusement, que dans la vie, il y a des choses que l’on voudrait et que l’on ne peut pas faire.

— Si c’était possible ! — J’avais beau chercher la raison de cette impossibilité, elle