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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/44

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LE JOURNAL

La chasse à tir n’étant pas encore ouverte, ces messieurs n’ont en ce moment d’autres distractions que de s’occuper des dames. Dépêchons-nous d’en profiter, avant que la guerre aux pauvres perdreaux ne soit déclarée.

Ces promenades à cheval dans la forêt sont délicieuses. On part dès que tombe la chaleur. On s’engage sous bois : les fougères se courbent sous le pas des chevaux, se relèvent et frappent les étriers. Aux arbres, les feuilles sont immobiles, silencieuses. Quelquefois, dans une éclaircie, apparaît un coin de ciel bleu ; à droite, à gauche, de petites clairières tapissées de bruyères en fleurs. Après un temps de galop, on met au pas, et puis on repart au galop. Le plus souvent, nous allons à l’étang de Beaulieu, qui se trouve au milieu des bois. Nous nous y arrêtons, nous descendons de cheval et nous nous asseyons sur l’herbe, au bord de l’eau tranquille, qui semble un miroir enchâssé dans la verdure et dans lequel se réfléchit coquettement la silhouette dentelée des bouleaux et des ormes et majestueusement la profondeur infinie du ciel. Cependant que, muets et recueillis, nous nous abandonnons au charme poétique de ce site enchanteur, les ombres du soir descendent