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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/50

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LE JOURNAL

lire davantage et suis allée me coucher.. Mais cette comparaison funèbre m’a longtemps trotté par la tête et poursuivie. Je me suis demandé s’il était vrai qu’il en fût ainsi, si ce n’était là qu’une boutade spirituelle d’un original aigri et misanthrope, ou bien si c’était la réflexion d’un vrai philosophe.

Et comme si le pressentiment de quelque malheur proche m’avait tout à coup frôlée de son aile noire, j’ai eu peur et j’ai pleuré.

Clovers, 3 septembre.

Est-ce que par hasard je deviendrais folle !

Voilà mes anciennes idées qui me reprennent. Il me semble deviner, dissimulée sous le luxe qui nous entoure, comme une certaine gêne. On dépense, on dépense sans compter, et puis un jour, à déjeuner, quand on est seul, on parle de se restreindre. Je dois dire qu’on ne fait qu’en parler : on se garde d’agir.

Tout cela est bizarre.

Papa est parti subitement pour Paris : il y est resté deux jours. Maman, durant son absence, n’a cessé de paraître préoccupée. Elle attendait impatiemment son retour.