Aujourd’hui, comme il a plu toute la journée, nous n’avons pu faire notre promenade à cheval. Jacqueline est venue me voir et nous sommes restées trois heures ensemble. Elle revient de Paris, où elle a passé huit jours. Elle y a fait la connaissance d’une jeune femme russe, la comtesse Branishka, dont le mari est colonel et occupe à la cour une haute situation qui l’y retient presque toute l’année.
Cette Jacqueline est vraiment incroyable ! Voilà une personne qu’elle ne connaissait pas la semaine dernière, qu’elle aperçut un soir à un diner à l’ambassade de Russie, qu’elle revit ensuite je ne sais où, et elle ne fait que parler d’elle, s’extasier sur sa beauté, sa taille, sa manière de s’habiller :
— Elle est délicieuse, ma chère, et je suis enchantée : elle doit se fixer cet hiver à Paris ; nous pourrons nous voir fréquemment.
Or, je me rappelle avoir vu cette dame, il y bien longtemps, chez les de Gombourg, je crois. Et je ne l’avais pas trouvée bien du tout. D’abord, elle n’était pas jolie : je dois