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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/56

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LE JOURNAL

l’issue de la bataille. Il est d’ailleurs très malin en ce genre d’affaire. « Il cuisine très bien », dit mon père. Il vient de fonder un journal dans le pays : La Vraie République. Tous les instituteurs de la contrée sont invités, chacun son tour, à donner un article glorifiant la politique et la personne de M. Grandidier. En échange dudit article, ils reçoivent mille francs. C’est une manière assez élégante d’acheter les gens.

Hélas ! Je commence à voir le triste rôle que joue l’argent ici-bas.

— J’étonnerai tout le monde ! a annoncé M. Grandidier. Et pour commencer, il donne banquet sur banquet à ses électeurs et les gave de foies-gras et de truffes.

— Mais vous allez faire si bien, mon bon Monsieur Grandidier, lui disait l’autre jour M. de Clarance, que le jour du scrutin tous vos électeurs seront dans leur lit !

Cette remarque a profondément frappé M. Grandidier, qui a immédiatement décommandé les banquets, en les remplaçant par des feux d’artifice.

— Ce sera plus digestif ! a-t-il déclaré.