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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/6

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LE JOURNAL

échappait à ma curiosité, et le respect profond que j’ai toujours eu pour ma mère m’empêchait de lui demander une explication.

Mais ce qui me frappait encore davantage dans cette réponse qui revenait continuellement sur les lèvres de ma mère, c’était le ton sur lequel elle était faite et cette prédiction énigmatique de futures contrariétés.

Il m’était de toute évidence que maman, pour me parler ainsi, devait les avoir éprouvées, ces contrariétés. Et cependant, elle est de tempérament très gai, d’humeur enjouée, encline au plaisir, et autour d’elle tout me paraît lui sourire.

Alors, mon petit cerveau a commencé à travailler, mon imagination s’est mise en campagne et j’ai trouvé une explication qui peut être inexacte, mais qui a du moins l’avantage de satisfaire toute ma curiosité : je crois savoir maintenant la raison pour laquelle mes parents ne m’ont pas élevée près d’eux et je devine aussi les contrariétés de la vie auxquelles ma mère fait allusion.

Nous avons dû être très riches. Je me souviens qu’une bonne me disait, quand j’étais toute petite :

— Mademoiselle Raymonde, votre papa a