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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/62

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LE JOURNAL

ai senties déjà ; déjà même je m’y suis déchirée.

Depuis quelque temps je m’étais aperçue que M. Grandidier m’entourait de prévenances : au reste, je l’avais noté.

Le soin de ses élections m’avait ces jours derniers débarrassée de sa personne : j’en étais fort aise et j’avais tout oublié.

Les élections sont finies. M. Grandidier est député, député d’une contrée dont il ne représente ni l’esprit, ni les idées, démontrant ainsi, une fois de plus, la puissance révoltante de l’argent.

Mais tout cela m’importe peu et ne me regarde pas. À peine l’aurais-je même remarqué, si M. Grandidier n’avait, avec sa liberté, repris auprès de moi ses assiduités.

Tout d’abord je ne m’en émus guère : maman m’avait suffisamment rassurée et je m’étais à la longue persuadée que la galanterie exagérée de M. Grandidier n’était que de la maladresse, un désir de plaire mal servi.

Hélas ! L’illusion fut de courte durée : il a bien fallu me rendre à l’évidence, que vient de mettre au jour une aventure à la fois burlesque et inquiétante.

Voici ce qui s’est passé :