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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/84

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LE JOURNAL

la petite flamme tremblotante d’une veilleuse projetait sur les murs de sombres clartés dansantes.

Alors j’ai collé l’oreille à la cloison, et, retenant mon souffle, j’ai écouté.

Tout d’abord je n’entendis rien que le sourd murmure d’une conversation à voix basse ; cependant j’ai tout de suite reconnu la voix de mon père et celle de ma mère.

Peu à peu, soit que mon oreille s’accoutumât et devînt plus sensible, soit que le ton de la conversation, ce qui est plus probable, s’élevât à la chaleur de la discussion, je saisis parfaitement les paroles.

— Ma chère, disait papa, c’est à vous de faire auprès de Raymonde une dernière démarche. Vous n’ignorez pas qu’une mère a sur la volonté de sa fille une autorité à laquelle un père ne saurait prétendre. Je suis convaincu que, si vous le voulez, vous la ferez revenir sur la décision qu’elle a prise.

— Vous vous trompez. Je connais Raymonde ; pour avoir répondu carrément comme elle l’a fait, pour s’être ainsi butée, sans rien entendre, sans rien discuter, elle doit avoir, elle a des raisons sérieuses !

— Pur enfantillage !… Un mouvement de