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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/83

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D'UNE FEMME DU MONDE.

Ce que je viens d’apprendre me remplit d’effroi ! Ce que je viens de faire me semble invraisemblable !…

0 mon Dieu, vous qui fùtes le soutien de mes jeunes années, en qui j’ai toute confiance, donnez-moi la force qui me sera nécessaire, Ne m’abandonnez pas !

Hier soir, à l’heure où j’allais me coucher, j’ai cru entendre la porte du cabinet de mon père s’ouvrir et se fermer. J’en fus surprise, car mon père, quand il n’y a pas d’étrangers, a l’habitude, le soir, de rentrer dans sa chambre. Après tout, il se pouvait qu’il eùt oublié quelque chose et qu’il vînt le chercher.

Mais bientôt des bruits de voix montèrent jusqu’à moi. L’horloge des écuries sonna minuit et, bien que je ne sois pas superstitieuse, le hululement sinistre qu’une chouette jeta en passant devant mes fenêtres, me fit tressaillir.

Poussée par quelque étrange pressentiment, je suis descendue sans bruit et sans lumière et me suis arrêtée devant la porte du cabinet qui est juste sous ma chambre.

Le corridor était à peu près plongé dans l’obscurité : à l’une des extrémités seulement