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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/86

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LE JOURNAL

— Et d’ailleurs je ne vois pas quelles raisons il vous faut ? Raymonde ne vous a-t-elle pas donné la meilleure, celle sur laquelle aucun argument ne saurait prévaloir. Ne vous a-t-elle pas dit qu’elle ne voulait pas se marier avec M. Grandidier ? Il lui déplaît, c’est un fait établi. Une aversion ne se discute pas : elle existe, nous la constatons, que voulez-vous de plus !

— Voilà prenez parti contre moi. C’est parfait !… Et moi qui vous priais…

— D’user de l’influence que je peux avoir sur Raymonde pour la contraindre…

— Sacrebleu ! mais je ne vous demande pas cela. La contrainte maintenant ! Pourquoi pas la force publique pendant que vous y êtes !… Je vous demande seulement de la voir, de lui parler, de la calmer, d’examiner avec elle la situation, froidement, sans parti pris. Est-ce de la contrainte, cela ?

— Mais je ne peux pas, je ne peux pas !

Et je devinais des larmes dans la voix de ma pauvre maman.

Il y eut un silence.

— Il le faut cependant, reprit mon père. Nous ne pouvons, nous ne devons pas forcer