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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/87

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D’UNE FEMME DU MONDE.

Raymonde à épouser M. Grandidier contre son gré : ce serait un crime. Mais j’estime qu’il est de notre droit, de notre devoir même, de nous assurer que la résolution de Raymonde n’a pas été prise à la légère. Car, encore une fois, et j’en reviens toujours là, que peut-elle avoir de grave à reprocher à ce monsieur qu’elle connait à peine. Il serait regrettable, vous le regretteriez les premières, vous et Raymonde, de manquer un tel mariage pour des puérilités !…

— C’est possible. Une seule chose est certaine, l’antipathie de Raymonde pour M. Grandidier, raisonnée, instinctive ou même mal fondée, que m’importe ! Et cela suffit pour empêcher ce mariage.

— Ah ! vous ne simplifiez pas ma tâche, chère amie. Je croyais n’avoir qu’une adversaire : j’en ai deux maintenant. Voyons, soyez raisonnable, une simple tentative, une seule, c’est tout ce que je vous demande !

— Il me semble que ce serait mal de ma part.

— Ma chère, en voilà assez !… Vous me poussez à bout avec vos scrupules exagérés et vous m’avez tout l’air de perdre de vue la