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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/130

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POÉTA

Et ses yeux battent fébrilement, fixes, s’emplissent avec avidité de jour mourant.

De ses doigt frêles elle caresse l’herbe, s’imprègne de sa fraîcheur.

Mais il lui semble qu’elle diminue, qu’elle s’amoindrit, qu’elle se perd en une incertitude délicieuse.

C’est un éparpillement de tout son être.

Elle n’est bientôt plus qu’un souffle qui s’évade et se dilue dans l’air, et dont emporte un peu le torrent qui polit patiemment ses cailloux, dont recueille un peu la brume qui bleuit, un peu la silencieuse immensité.

Poéta n’est plus finalement qu’une petite extase que s’approprie, pour s’en parer, le calice entr’ouvert d’une églantine.

VI

Ainsi s’évanouit, au soir, à l’heure dela brume, Poéta.

Elle était faite de Tout, elle s’éparpilla en Tout.