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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/129

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LES OPALINES

— Je ne m’appartiens pas : saurais-je me garder !

— Que dis-tu, folle ? — — Je rends à Tout ce que Tout m’a donné : je vis !

V

Les sommets des montagnes font d’étranges silhouettes sur le ciel fatigué qui pâlit.

Les sapins s’assombrissent.

L’herbe s’endort.

Mais le torrent, de sa chanson fraîche, polit inlassablement ses cailloux.

C’est le soir.

Le soleil prend le chemin de l’abîme : pour étonner encore, et comme il a perdu la splendeur de sa jeunesse, il se farde.

Ensuite, c’est la brume qui de partout débouche, se joint, emplit silencieusement d’un travail convenu le creux du val.

Épuisée, Poéta s’est couchée au pied d’un arbuste. Sa poitrine halète ; ses pieds tremblent.

Elle voudrait chanter, chanter encore, mais les sons défaillent sur ses lèvres arides.