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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/190

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L'HOMME QUI A DÉCOUVERT SON MOI

armes pour mieux courir, et il s’enfuit. — Celuilà est un humble — et c’est un lâche.

Au moment de combattre, un soldat reconnaît que son adversaire est fort. Et il se dit : « Pourquoi ne serais-je pas plus fort que lui ? » — Celui-là est un orgueilleux — et c’est un brave.

Je connais un homme qui a méthodiquement vécu, et qui, aidé des événements, a fort bien réussi. On l’admire : je le méprise.

L’homme qui a des passions, aussi nobles soient-elles, n’est pas un homme : c’est une épave. Il ne se dirige pas, il est dirigé par ses passions.

Une fois j’ai comparé le Sage à un roc que battent en vain les événements comme des flots impuissants. C’est faux. Le Sage n’est point indifférent aux événements : il les oriente.